Avis de tempête sur les masques « made in France » ?
C'est la Coop des Masques, entreprise bretonne, - créée de toutes pièces en 2020 dans le buts de fournir professionnels masques 100% français - qui tire le signal d'alarme dans les colonnes de notre confrère Le Parisien. L'entreprise, aidée par les Pouvoirs publics en plein cœur de la crise, affiche aujourd'hui un stock de plus de 5 millions de masques qui ne trouvent plus preneur face à la concurrence asiatique revenue dans le jeu. Un avenir incertain pour les 26 salariés de la coopérative, et un constant amer pour Guy Hascoët, président de la Coop des Masques qui évaluent à 2% seulement la part de masques « made in France ».
Retour en force de la Chine
Pour les professionnels de la distribution de produits d'hygiène, le cas de l'entreprise bretonne n'est pas isolé. De nombreuses unités de production qui ont poussé dans toute la France à la faveur d'une mobilisation générale imposée par la crise sanitaire sont pour la plupart vouée à disparaître. « Nos clients se tournent majoritairement vers les masques produits en Asie, d'abord pour des raisons de prix bien entendu. Après la pénurie du début de crise les usines fonctionnement à nouveau à plein régime. La limite est aujourd'hui liée au coût du transport et aux délais d'acheminement. Mais les choses devraient rentrer dans l'ordre courant 2022. Par ailleurs il me semble difficile juridiquement d'imposer une part de masques fabriqués en France ou en Europe dans un appel d'offres publics ! » constate le dirigeant d'une entreprise de distribution de produits d'hygiène.
Nouvelle offre pour le « made in France » ?
Faut-il pour autant s'arrêter à ce seul constat d'impuissance ? La société Coverguard, acteur majeur dans l'univers des EPI, a mis en service deux lignes de production de masques respiratoires (FFP2) et à usage unique répondant aux normes françaises et européennes. Une occasion de compléter un catalogue très fourni à destination des distributeurs spécialisés comme de leurs clients industriels par exemple, en intégrant une part qu'ils espèrent croissante de « made in France ».
Produire des gants en France
De son côté la société Kolmi-Hopen, basée à Saint-Barthélemy d'Anjou - et choisie par Emmanuel Macron en mars 2020 pour lancer l'offensive « relocalisation »- souhaite orienter cette production locale vers de nouveaux marchés. « Nous avons réussi à maintenir nos marchés historiques et à servir de nouveaux clients qui nous avaient sollicités pendant la crise. Mais il y a également de nouveaux marchés à développer en direction des professionnels de santé en libéral qui vont pérenniser l'usage des masques. C'est vrai également pour les patients, notamment les plus fragiles. Nous souhaitons mettre nos produits à disposition du grand public via des réseaux de pharmaciens, en montrant que le « made in France » ne coûte pas forcément plus cher ! » analyse Emilie Garnier, chargée de communication et de propriété intellectuelle de la société.
Pour aller plus loin dans cette démarche de relocalisation, Kolmi-Hopen a annoncé il y a quelques mois l’implantation d’une nouvelle activité de fabrication de gants en nitrile sur l’ancien site Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (Sarthe), avec un potentiel de 300 créations d’emploi à terme, et un début d'activité en 2022.
Masque biocide à usage unique !
Les fabricants français de masques misent également sur l'innovation pour garder un coup d'avance. Ainsi la société Paul Boyé Technologies, leader mondial dans le domaine de la protection NRBC (nucléaire, radiologique, biologique,chimique) qui a produit 450 millions de masques dans ses usines françaises, lance aujourd’hui la commercialisation de son masque BioX.. Un masque biocide à usage unique qui a démontré plus de 99% de réduction virale après 1 heure, sur le SARS-CoV-2 et ses variants.
