La France n'intéresse plus le groupe ISS !
«Un développement en France qui n'a pas généré les améliorations financières attendues » et des coûts « qui ont réduit la marge opérationnelle du groupe d'environ 0,2 point ». Le couperet est tombé le 10 août dernier avec l'annonce par le groupe danois ISS de la cession de l'ensemble de ses activités en France (propreté, Facility Management et logistique). La filiale hexagonale qui compte quelque 14 000 collaborateurs et a réalisé un peu plus de 400 M€ de CA en 2021, ne conservera que les prestations délivrées aux comptes clés internationaux. La décision du groupe danois, coté à la Bourse de Copenhague, de solder ses activités en France s'inscrit dans une démarche de rentabilité financière déjà mise en oeuvre ces dernières années. En 2018, afin de garantir une croissance de 4 % à 6 % par an à ses actionnaires, le leader mondial de la propreté (350 000 salariés, 10 Md€ de CA en 2022) s'était séparé de treize de ses filiales dans le monde – principalement en Europe de l'Est (Estonie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie), Asie (Thaïlande, Philippines, Malaisie Brunei), mais également Amérique du Sud (Brésil, Chili) et Israël – et de 20 % de ses effectifs.
1,2 Mds€ de CA en 2012
En France, l'histoire d'ISS est faite de grosses opérations de croissance externe dans les années 2000, notamment avec le rachat d'Abilis (groupe Vedior) en 1999, puis de cessions successives, avec la vente de l'activité sécurité en 2010, espaces verts en 2015 au profit de Id Verde (leader européen du secteur) et de la branche 3D, Hygiène et Prévention en 2018. Pour mémoire, le groupe qui a connu quatre présidents au cours des dix dernières années, revendiquait 1,2 Md€ de CA en 2012, avant de connaître une décrue importante de son activité. En 2019, Richard Dujardin, resté moins de deux ans à la tête de l'entreprise, nous confiait avoir comme feuille de route de « faire progresser le chiffre d'affaires de 640 M€ (2018) à plus de 1 Md€ à moyen terme.
Quel repreneur pour ISS ?
Marc de Oliveira, nommé à la présidence d'ISS France il y a un an tout juste, ne s'est pas risqué à de telles projections plaidant pour le développement d'une offre premium, de nouveaux marchés dans la santé ou l'industrie et de nouveaux grands comptes internationaux. Présent dans le groupe ISS depuis 2010 en France mais surtout à l’international, professionnel reconnu, c'est à lui qu'incombe désormais la charge d'accompagner au mieux cette sortie du marché : « ISS France bénéficie d'un portefeuille de clients diversifié et d'équipes expérimentées et engagées. Durant cette recherche d’un potentiel repreneur, nous continuerons à servir l’ensemble de nos clients existants de la même manière qu'aujourd'hui et avec le même niveau d’exigence. » L'heure est désormais aux grands manœuvres dans un monde de la propreté qui a été secoué par la pandémie de la Covid-19, mais aussi et surtout par la crise énergétique et l'inflation. Tout le monde garde en tête les grandes évolutions de ces derniers mois comme le rapprochement Derichebourg - Elior Services, le désengagement à l'international du groupe Atalian ou encore le changement d'actionnariat du groupe GSF.
