La collecte des ordures fer de lance de la mobilisation ?
Si les agents de propreté ont peu ou pas débrayé à l'occasion du mouvement social, la situation est différente dans le secteur du traitement des déchets. Le blocage de 3 centres de traitement en Ile-de-France, dont l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, le plus grand d'Europe et l'arrêt de la collecte dans au moins 10 arrondissements sur 20 que compte la Capitale, ont en quelques jours transformé les rues de Paris en exutoire improvisé. Le week-end dernier plus de 5 000 tonnes de déchets étaient déjà en souffrance. Au-delà de la Capitale, la situation est également compliquée dans plusieurs métropoles (Nantes, Metz, Montpellier, Le Havre...).
Un combat social et politique
Les grévistes, vent debout contre un report de l'âge légal dans un secteur où la pénibilité et les risques pour la santé et la sécurité au travail sont importants, sont majoritairement des agents des collectivités. Mais pas uniquement. Les centres de traitement franciliens sont également bloqués par des salariés de Suez et la collecte est également perturbée sur certains sites gérés par Pizzorno.
A Paris le conflit a rapidement pris un tour politique avec la montée en première ligne des opposants à Anne Hidalgo – maires d'arrondissements notamment- qui réclament des mesures d'urgences pour évacuer les milliers de tonnes d'ordures qui s'amoncellent. Toutefois la réquisition et le déblocage des centres de traitement est à la main du Préfet. Une décision toujours compliquée à prendre. De son côté, Veolia assure le stockage d'une partie des ordures collectées sur ses sites franciliens. Mais jusqu'à quand ? Pour mémoire, en 2010, lors d'une précédente mobilisation contre la réforme des retraite le blocage a duré 21 jours !
Mobilisation limitée des agents de propreté
Même si les leaders syndicaux notent une plus grande visibilité des salariés de la propreté dans les manifestations, la présence des salariés de la propreté dans les cortèges reste encore modeste, comme en atteste la modeste participation lors rassemblement organisé par la Cgt devant le Sénat le 8 mars dernier qui a réuni une cinquantaine de salariés. Les raisons sont de plusieurs natures et bien connues des responsables syndicaux eux-mêmes : travail à temps partagé entre plusieurs employeurs, situations économiques et familiales difficiles, faible culture syndicale.... « Nous avons quand même observé une vraie mobilisation notamment dans les manifestations organisées localement » note Nadia, déléguée syndicale au sein d'un grand groupe de propreté, qui relaie les nombreuses inquiétudes sur la pénibilité du travail des agents qu'elle représente.
« Plus que la réforme de la retraite elle-même c'est la capacité de travailler au-delà dans 60 ans dans de bonnes conditions qui mobilise les salariés. C'est un sujet majeur » rebondit le patron d'une Pme du secteur qui reconnaît travailler en bonne intelligence avec les membres du Cse (Comité social et économique).
Dans la propreté, comme dans tous les autres secteurs d'activité, l'enjeu est aussi celui de la représentativité et du poids de chaque centrale syndicale. Créée en 2019 les Cse doivent en effet être renouvelés au cours de l'année 2023.
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