Ozone et désinfectants dans le viseur de l'Anses et de l'INRS
Hasards du calendrier, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) émettent à quelques jours d'intervalle des alertes concernant des produits désinfectants et solutions de nettoyage.
L'INRS, organisme de référence pour la santé et la sécurité au travail, a publié le 13 septembre 2023 une mise en garde contre les procédés utilisant de l'eau ozonée et en particulier « l’utilisation des équipements et dispositifs générant et mettant en œuvre de l’eau ozonée à des fins de nettoyage ». Les auteurs de ce communiqué mettent en garde les utilisateurs notamment contre le risque de production d'oxydes d'azotes (irritants puissants pour les yeux et les voies respiratoires) dans l'air ambiant, lors de la décharge électrique générée pour l'obtention d'ozone qui sera ensuite injecté dans l'eau.
Alors que cette solution « sans chimie » gagne du terrain pour le nettoyage des surfaces et l'entretien du linge, l'INRS recommande aux entreprises d'opter pour des « procédés physiques ou chimiques classiques, en sélectionnant les produits les moins dangereux et les techniques de nettoyage les moins exposantes ».
L'organisme met par ailleurs l'accent sur la place de l'eau ozonée dans la panoplie des solutions désinfectantes, remettant en cause les déclarations des fabricants : « A ce jour, les résultats publiés par les fabricants qui commercialisent ces équipements ou dispositifs à base d’eau ozonée ne sont pas conformes aux exigences de la norme NF EN 14885 et ne permettent donc pas de démontrer leurs revendications d’efficacité en désinfection de surface, de textile ou de vaisselle. » Une prise de position qui ne manquera pas de faire réagir...
Atteintes cutanées dues aux désinfectants
De son côté l'Anses, vient de publier les conclusions d'une étude réalisée entre 2017 et 2022 sur la base des accidents liées à l'utilisation des désinfectants chez les jeunes enfants en collectivité. L'agence, qui a recensé 118 cas d'atteintes cutanées plus ou moins sévères ( jusqu'à des brûlures au 3è degré) sur toute la période, note une forte progression des accidents depuis 2020, en lien avec les nouvelles pratiques de désinfection mise en place lors de l'épidémie de Covid. Ces accidents ont eu lieu majoritairement en milieu scolaires, et majoritairement dans les écoles maternelles en lien très étroit (94% des cas) avec le nettoyage des sanitaires.
L'analyse des produits impliqués et de leur mode d'application a montré que parmi les 33 désinfectants impliqués, 13 nécessitaient une dilution avant emploi, 6 d'entre eux imposant une dilution variable en fonction de la surface à désinfecter. A noter également que la moitié de ces produits (ammoniums quaternaires majoritairement) devaient être rincés, a fortiori dans des sanitaires fréquentés par des enfants en bas-âge.
