La propreté urbaine victime de la crise ?
Explosion des prix de l'énergie et des carburants, tensions sur les consommables, les collectivités font face à une conjoncture difficile. La propreté urbaine n'en demeure pas moins – avec la sécurité- un enjeu politique majeur pour les élus. Le dossier spécial que nous consacrons à cette question dans le dernier numéro de Bâtiment Entretien témoigne des choix et des efforts réalisés par des collectivités contraintes de s'adapter.
Une crise qui intervient de façon brutale
« Nous sommes habitués depuis plusieurs années aux restrictions en eau. Les équipes ont adapté leurs pratiques, c'est une évolution que nous avons intégrée. La crise énergétique, en revanche, intervient de façon plus brutale à un moment où nous avons déjà entamé la conversion de notre parc de matériels. Sans être remise en question la mécanisation, doit aujourd'hui prendre en compte cette donnée. Nous devons nous interroger sur le type d'énergie à privilégier » ajoute pour sa part Dominique Six, 1er adjoint de la ville de Niort et président de l'Avpu (Association des villes pour la propreté urbaine).
Raisonner en coût global
Dans la petite couronne parisienne, la collectivité francilienne de Plaine Commune (9 communes, 435 000 habitants) doit aussi se projeter dans un futur très incertain. L'enjeu est aujourd'hui de maintenir, mais aussi de renouveler son parc de machines pour qu'il reste opérationnel.
Pour Basile Saint-Carlier, directeur des services mutualisés et de proximité de Plaine Commune, « Il faut raisonner en coût global en intégrant les enjeux de sobriété énergétique. Cela peut passer notamment par une optimisation des moyens. Nous avons besoin d'outils d'aide à la décision et de géolocalisation des véhicules par exemple. Quand il devient de plus en plus coûteux de sortir un matériel nous devons nous poser la question du type de véhicule à mettre en œuvre et du fréquentiel qui lui sera assigné. La réflexion concerne aussi les corbeilles de rues. Nous allons tester des poubelles solaires compactantes qui pourront réduire significativement le nombre de tournées de collecte » pointe le représentant de Plaine Commune.
Des questions sur l'utilisation de l'eau
« Nous ressentons plus les effets de la crise sur l'approvisionnement en corbeilles, en bacs de collecte ou autre mobiliers urbains. Il est bien évident que le prochain appel d'offres devra prendre en compte les enjeux climatiques et énergétiques. Nous nous posons, et posons des questions à nos prestataires sur l'utilisation de l'eau : fréquence, utilisation de réducteurs de pression, point de prélèvement.... L'énergie est également un sujet important. Hormis quelques exceptions les entreprises devront répondre en proposant des matériels compatibles avec la ZFE. Nous voyons arriver des moteurs moins polluants, des balayeuses électriques avec une autonomie plus importante. Le petit matériel sera quant à lui électrique bien entendu » conclut pour sa part Jean-David Cadet, responsable du service collecte et nettoiement Montpellier Méditerranée Métropole.