L’annonce a surpris, même si toutes les pièces du puzzle étaient en place depuis des mois, voire des années. En officialisant la reprise de PHS, le groupe Orapi ajoute un nouveau réseau dans son escarcelle, et pas des moindres.
Le groupe présidé par Guy Chifflot alignera, dès 2015, la plus importante force de vente du secteur de la distribution. Il compte par ailleurs bénéficier de la dynamique créée par cette démarche d’intégration verticale qu’il est le premier à concrétiser. Ses confrères mais néanmoins concurrents observent ces grandes manœuvres avec circonspection…
PHS, filiale du groupe suisse Transgourmet, était à vendre, depuis plusieurs années. Orapi était intéressé par cette acquisition depuis plusieurs années aussi. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que la reprise de l’un par l’autre soit annoncée ! Pas si sûr, à en croire les réactions de certains acteurs de la distribution qui n’attendaient pas une finalisation aussi rapide…Y compris au sein même du groupe Orapi.
Guy Chifflot, quant à lui, regrette à demi-mots une certaine précipitation dans laquelle s’est faite cette annonce, afin de se conformer aux nouvelles dispositions de la loi Hamon qui impose d’informer les instances représentatives respectives au moins deux mois avant la cession. « Cette acquisition, qui est encore soumise à différentes clauses suspensives, notamment l’avis de la Concurrence, devrait être effective début 2015 », confirme toutefois Guy Chifflot, le président d’Orapi. Il voit dans cette acquisition l’occasion pour son groupe de devenir le leader de l’hygiène professionnelle en France, avec un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en année pleine.
5è acteur de la distribution
PHS a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 66 millions d’euros avec un effectif de 330 personnes dont 120 commerciaux. « Cette opération est très importante pour Orapi, mais aussi pour Argos. PHS est le 5è acteur dans le monde de la distribution en France, la force commerciale sur le terrain est importante et sa couverture géographique devient complémentaire pour nous. Par ailleurs PHS avait un partenariat très étroit avec des leaders mondiaux comme Diversey ou SCA », poursuit le patron d’Orapi, qui pourra dans les mois qui viennent aligner sur le terrain la plus importante force commerciale dans le monde de la distribution des produits d’hygiène professionnelle.
L’autre levier mis en avant par le groupe de Saint-Vulbas et qui avait déjà pesé lors de l’acquisition d’Argos en 2012, puis de Raynaud en 2013, réside dans la démarche d’intégration verticale. Même s’il se garde bien de toute projection en termes de production, Guy Chifflot envisage une augmentation très sensible de celle-ci. Orapi, qui dispose d’un outil industriel performant répondant aux normes les plus strictes et les plus récentes, compte bien le mettre à profit sous les couleurs de PHS comme il le fait déjà pour Argos.
Quelle place pour les fournisseurs ?
Une première dans le monde de la distribution hexagonale qui est saluée par certains comme une opération audacieuse, alors que d’autres ne manquent pas de s’interroger sur la finalité de l’acquisition et sur ses conséquences. Au sein des groupes et des groupements, l’heure est à la négociation et au référencement pour les fournisseurs. Quelle sera la logique de cette future entité regroupant Argos, Raynaud et PHS vis-à-vis des fournisseurs justement ? Mais quelle sera aussi la position du groupe Orapi dans les négociations à venir avec ses clients grands comptes par exemple, qui pouvaient auparavant se servir auprès de distributeurs qui vont désormais courir sous les mêmes couleurs ? Les chimistes, directement concurrents du groupe Orapi sur un certain nombre de spécialités, se disent pour leur part légitimement inquiets face à un « client » potentiel qui affiche clairement la couleur : réintégrer au maximum la production. « Mais que deviendra la relation avec Diversey qui est aujourd’hui un fournisseur majeur pour PHS ? » s’interroge un distributeur qui s’étonne aussi des chiffres alignés par Guy Chifflot. « L’addition des chiffres d’affaires de PHS, Argos et Raynaud ne fera jamais 300 millions d’euros ! Nous sommes dans le périmètre de la distribution, cela n’a pas de sens d’ajouter le chiffre généré par d’autres activités dans la maintenance ou à l’international… » ironise un autre professionnel du secteur qui juge la chose anecdotique mais révélatrice d’une certaine « fuite en avant » qui pourrait réserver des surprises à plus ou moins long terme.
Dubitatifs ou admiratifs devant ce nouvel épisode qu’est en train d’écrire Orapi, les professionnels s’accordent sur un point : leur secteur d’activité est performant, suscite de l’intérêt et génère une belle dynamique. Qui ne devrait pas manquer de profiter aux structures de taille moyenne dotées d’une stabilité rassurante pour les fournisseurs comme pour les clients !