2014-2015, une conjoncture difficile pour les entreprises de recyclage
Federec, la fédération des entreprises de recyclage, vient de dresser un bilan en demi-teinte de son activité, tous secteurs confondus, pour l’exercice 2014 en affichant un chiffre d’affaires de 9,1 milliards d’euros, en baisse de 2% par rapport à l’exercice précédent.
Comme l’a confirmé Jean-Philippe Carpentier, président de Federec (fédération des entreprises de recyclage) les 1.300 entreprises du secteur ont été mises à rude épreuve au cours des derniers mois. « L’effet conjugué de la baisse des prix du pétrole, et des matières premières en général, ont entraîné un recul de la demande du gisement de produits recyclés au bénéfice des matières premières « vierges ». L’économie linéaire a pris le pas sur l’économie circulaire. » Une situation particulièrement difficile pour le secteur des métaux, ferreux notamment, mais aussi et surtout des plastiques. « Depuis un an, la chute des cours du pétrole a conduit à une baisse de la demande, les industriels préférant se tourner vers les matières vierges. Nous avons dû suivre cette tendance car il n’est pas envisageable que le recyclé soit plus cher que le plastique produit à partir du pétrole » commente pour sa part Albert Azoubel président de la branche « plastiques » qui insiste toutefois sur les progrès accomplis depuis les débuts de cette filière de recyclage il y a une trentaine d’années. Ce sont près de 830.000 tonnes matières plastiques qui sont recyclées chaque année pour un chiffre d’affaire de l’ordre de 250 millions d’euros. Les process de tri et les technologies de recyclage évoluent très vite avec, en parallèle un gisement très important à venir, puisque moins de 25% des déchets plastiques (dont les ¾ en provenance de l’industrie) sont aujourd’hui traités.
La collecte des collectivités pèse pour 25%
L’autre grand secteur, celui des papiers et cartons, connaît lui aussi un phénomène de stagnation, sans pour autant inquiéter les industriels du secteur (4 grands groupes et plus de 300 PME) qui traitent chaque année plus de 7 millions de tonnes de matières à recycler pour un chiffre d’affaires de 760 millions d’euros. Sur cette activité qui connaît une très grande stabilité des prix depuis 4 ans, le taux de récupération est très élevé : 82%, contre 71% en moyenne pour l’ensemble des pays européens.
La France dispose donc aujourd’hui d’une organisation du tri, de la collecte et de la transformation qui est particulièrement performante, notamment dans le secteur du carton, très facilement recyclable. A l’instar des plastiques les cartons et papiers recyclés proviennent très majoritairement de l’industrie, les collectivités n’assurant que 27% de la collecte. En revanche sur le segment du désencrage des papiers graphiques et surtout des journaux, le gisement s’érode en moyenne de 5% par an, à peine compensé par la montée en puissance du tri et de la collecte des papiers de bureaux.
D’une façon générale, le secteur du recyclage -qui compte bien profiter du sommet COP21 qui se tiendra à Paris dans quelques semaines pour faire entendre sa voix- est dans une dynamique de croissance, malgré la conjoncture difficile. « Nos entreprises emploient plus de 28.000 salariés, dont 85% le sont en CDI, ce qui témoigne d’une volonté d’ancrage dans les territoires et chaque année les effectifs progressent de 1,8% en moyenne sur des emplois non délocalisables. Avec, il faut aussi insister sur ce point, une part très importante de PME dans les différents secteurs que nous couvrons. Il faut aujourd’hui substituer durablement les matières premières vierges par leurs équivalents en recyclé. Une étude réalisée conjointement avec l’Ademe a montré qu’une tonne de matière première recyclée génère 80% de CO2 en moins et divise par deux la facture énergétique ! » conclut Jean-Philippe Carpentier.