Le casse-tête de la hausse de 2,65% du Smic
Revalorisée pour la 3è fois en 7 mois le Smic vient d'enregistrer une hausse de 2,65% au 1er mai pour atteindre les 1 304,64 nets par mois, soit une augmentation cumulée de 5,75% depuis l'automne 2021. Cette progression règlementaire, indexée sur l'inflation représente aujourd'hui un vrai problème pour de nombreuses branches professionnelles ( 144 sur 171 selon le décompte de la Cfdt) qui voient les plus bas salaires de leurs grilles rattrapés par le salaire minimum.
« Goutte de sueur, et goutte d'essence »
Prenant la parole chez nos confrères du Monde, Philippe Jouanny, le président de la Fep a réagi à cette revalorisation qui positionne le premier échelon de salaire des agents de propreté à 1 centime au dessous du Smic, la dernière hausse de 1,05% actée par la branche datant du mois d'avril. « Quand vous faites entre 1 % et 3 % de marge et que votre masse salariale c’est 80 % du prix de la prestation, si vous augmentez les salaires de 2 % , vous ne faites plus de marge ! La commande publique représente 25 % de nos marchés. Il faudrait nous permettre de répercuter les hausses de salaire dans les prix au moment de la signature des contrats, et même sur des contrats en cours. On aide bien les entreprises face à la flambée des prix de l’énergie. Une goutte de sueur vaut-elle moins qu’une goutte d’essence ? »
Hausse des tarifs de 4%
Une situation que connait bien Yannick Foliard, gérant de la société de nettoyage ABC Net, basée à Rennes.« La moitié de notre activité est réalisée auprès de syndics de co-propriétés, avec des clients finaux qui sont des particuliers. A la différence des entreprises, ils ne sont pas du tout réceptifs aux arguments que l'on peut avoir et sont même parfois dans une logique inverse. Nous avons reçu récemment des courriers de syndics nous demandant de revoir nos prix à la baisse, les propriétaires étant persuadés que nous avions perçu des aides Covid, comme cela a pu être le cas pour d’autres secteurs ! Nous revoyons le prix des prestations une fois par an, avec des tarifs en hausse cette année de 4% pour le tertiaire et de 3,5% pour les syndics. Mais nous n'avons aucune visibilité sur l'ampleur des hausses que nous allons subir et que nous annoncent nos fournisseurs sur la ouate ou les sacs poubelles par exemple. A cela s'ajoute mes demandes d'augmentation de salaire de nos collaborateurs qui voient leur pouvoir d'achat reculer fortement. Le volet social de cette crise, dans nos entreprises, est très important et ne doit pas être occulté. »