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Centrales mousse : Une solution qui peut imposer des choix techniques complexes |
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Très
utilisés dans l’industrie agroalimentaire et dans la restauration
collective la mousse, qu’elle soit détergente ou désinfectante,
garantit une régularité d’application et un temps de contact minimum
indispensables pour œuvrer dans un environnement HACCP. Les machines
destinées à appliquer les produits sous forme de mousse, qui
représentent certes un marché de niche, doivent être choisies
judicieusement en fonction des situations de risque et des
configurations en place. Deux spécialistes nous livrent leur grille de
choix. |
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Parmi
les différents types de matériels à la disposition de nos équipes,
celui qui utilise des systèmes mobiles et une chimie embarquée sur un
chariot en inox, offre un certain nombre d’avantages. L’utilisateur
dispose de deux bidons sur le chariot (un détergent alcalin ou acide et
un désinfectant) qu’il peut utiliser successivement grâce à un
commutateur. Il n’y a donc pas de manipulation de produit et donc pas
de risque lié à cette opération. Le dispositif de pompage avec venturi
garantit la bonne concentration du produit. Ce type de matériel n’étant
pas limité par un volume de solution, permet une utilisation beaucoup
plus souple pour les opérateurs. Cet équipement nécessite toutefois un entretien régulier. Après chaque utilisation un rinçage à l’eau chaude est recommandé sur le système de dilution et de foisonnement. A défaut, on peut provoquer une obturation partielle des bagues de dosage et des buses, et ainsi voir la qualité de la mousse altérée par le sous dosage du produit » remarque Roger Lemaître, Expert métiers en hygiène agroalimentaire, de la direction régionale Ouest-Atlantique du Pôle services d’Onet. L’entreprise de propreté demande par ailleurs à ses fournisseurs d’assurer un entretien régulier des systèmes avec la vérification du dosage. Ce contrôle est effectué non pas au niveau du pompage mais directement à la sortie de la lance du canon à mousse. Le choix du matériel est déterminant. Le spécialiste de l’hygiène alimentaire et des interventions en milieu sensible, nous livre quelques éléments en prendre en considération au moment du choix du matériel |
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Pourquoi un système avec cuve inox fermée ? |
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Ce
matériel sous pression préalable permet de réaliser le mélange eau
produit directement dans la cuve, l’air sert de propulseur, et la
mousse est produite dans une chambre de foisonnement extérieure. Si l’on considère une cuve de 100 l, le dosage est simple, en revanche une des limites de ce type d’équipement demeure le volume de la cuve elle-même. Il peut être nécessaire de recharger le canon si la surface à traiter est importante. La pression d’air comprimé du réseau client est comprise entre 6 et 8 bars, nous la régulons à 4 bars en entrée de canon à mousse. |
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Quelle capacité : 25, 50, 100 litres ? |
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D’une
façon générale nous préférons utiliser des cuves de 100 litres qui sont
mieux adaptées à l’utilisation sur un chantier agroalimentaire du fait
du volume de solution disponible. Le dosage est simplifié et
l’utilisation est plus facile pour le personnel. Par ailleurs,
l’expérience nous montre qu’une cuve de 100 litres permet en général de
réaliser la totalité d’une vacation de 7 heures. La tendance est de supprimer ce type de matériel. La solution est alors préparée dans une cuve qui ne sera pas sous pression. La mousse est alors générée dans une chambre de foisonnement grâce à une pompe à membrane située à l’arrière de l’appareil. La mousse est de bonne qualité et ce système permet l’utilisation de tuyaux de 50 m pour l’air comprimé, 15 m pour la mousse. Le flexible de 50 m permet donc de couvrir un rayon de travail très important sans se débrancher, ce qui constitue une souplesse appréciable pour les utilisateurs. Le canon à mousse oblige toutefois l’opérateur à doser le produit manuellement avec un seau ou un pichet; il est donc impératif de prendre les précautions d’usage et de se protéger correctement avec les EPI adaptés. |
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L’ergonomie fait des progrès |
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Une
canne de micro-nébulisation, permet d’utiliser les canons à mousse pour
effectuer une Désinfection par Voie Aérienne (DVA) en créant un
brouillard désinfectant. Cette adaptation permet ainsi l’action du
produit sur les parties non visibles et non accessibles d’un atelier de
production. « Un canon à mousse est un matériel qui est très sollicité et souvent manipulé de façon assez rude, dans des conditions d’humidité, de température et au contact de produits corrosifs ! Ces systèmes mousse sont conçus pour résister à ces mauvais traitements. Une des caractéristiques importantes réside dans la stabilité de la machine. Même s’il ne fait que 60 cm de large, l’appareil monté sur 4 roues peut atteindre 1,5 m de haut et risquer de basculer. Les fabricants ont fait évoluer leurs machines en réduisant cette position debout pour proposer des systèmes qui ne dépassent pas 70 cm de haut avec un centre de gravité qui se situe à une hauteur de 45cm, évitant ainsi les chutes. De plus les matériaux employés répondent parfaitement aux conditions très contraignantes d’utilisation » poursuit M.Lemaître. |
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Une mousse de qualité |
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Il est important
que l’utilisateur respecte le choix des buses d’application en fonction
de l’opération à réaliser : détergence ou désinfection. Le choix de la
bonne buse fine permet d’obtenir une solution plus légère et mieux
adaptée pour la désinfection. Au contraire une buse large permet de ne
pas « casser » la mousse en sortie de lance, entrainant ainsi une
meilleure adhérence du détergent au support. La législation oblige le rinçage des produits sur les surfaces pouvant être en contact avec les aliments. Souvent le rinçage qui suit l’application d’une solution désinfectante est laissé à la charge du client. L’eau du réseau, même traitée, n’est pas microbiologiquement stérile. Dans certains sites sensibles il ne servirait donc à rien de désinfecter de façon très rigoureuse et de risquer une contamination avec l’eau du réseau général. Le rinçage est dons effectué juste avant la reprise de production. |
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Quel coût ? |
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De
4 000 € environ pour une cuve inox à 1 200 € pour une machine avec cuve
en plastique, les prix peuvent varier considérablement. Envisager un
marché de 3 ans où le canon sera indispensable avec du matériel
plastique ne paraît pas judicieux. De plus, ce type de machine pourra
aussi être utilisé sur d’autres applications, par exemple pour mettre
en mousse des façades, réaliser des traitements fongicides des
toitures, ou encore dégraisser un sol ou enlever le noir de suie après
un sinistre lors de lessivage de murs avant peinture. Il est important
de bien dimensionner le matériel en fonction du chantier à traiter et
de choisir un système résistant et fiable qui permettra de travailler
sereinement et de gagner du temps dans les opérations de détergence et
de désinfection. Il en va de la sécurité des aliments et des consommateurs. |
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Des machines et des produits |
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Pour
le fabricant français IBL Specifk qui propose un canon à mousse compact
et facile d’utilisation, le Netbio 600, les utilisateurs
professionnels doivent bien peser les différents éléments de choix et
ne pas céder aux sirènes de machines « low-cost » qui ne répondront pas
à leurs besoins. « Notre machine permet de propulser la mousse à 4 m de
haut, et d’effectuer un rinçage derrière, elle dispose d’une pompe de
30 bars de pression, et l’utilisateur pourra, avec la même machine
appliquer la mousse et rincer. Par ailleurs nous avons validé notre
machine avec un produit que nous faisons fabriquer spécifiquement.
C’est un point important souvent négligé, certains plastiques ou
alliages métalliques ne sont pas compatibles avec tous les produits »
insiste Stéphane Imbach, responsable d’IBL Specifik. |
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Paroles de fabricant : Alban Gomet, directeur commercial de Seko Lefranc-Bosi |
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Seko
Lefranc-Bosi, filiale française du groupe italien spécialisé dans les
solutions de dosage, a développé dans l’hexagone un centre de
compétence et une usine de production concernant les solutions de
dilution. « Nous travaillons sur l’ensemble des matériels qui vont
permettre d’appliquer un produit dilué avec de l’eau, avec ou sans
mousse, pour du nettoyage ou de la désinfection. Les centrales de
dilution avec air comprimé permettent de générer de la mousse, tout
comme les canons à mousse. Ce sont des équipements utilisés de façon
récurrente dans les cuisines centrales, les industries agroalimentaires
ou encore l’automobile. La mousse permet de travailler avec un temps de
contact plus important », détaille Alban Gomet, le directeur commercial
de Seko Lefranc-Bosi. Deux options sont envisageables en fonction des
sites : soit la mousse est générée au travers du seul circuit d’eau à
l’aide d’une émulsion, soit l’opérateur utilise un circuit d’air
comprimé. Dans les cuisines centrales et l’agroalimentaire, c’est
généralement cette solution qui est adoptée. Il peut toutefois arriver
que la distribution d’air comprimé ne couvre pas l’ensemble des lieux à
nettoyer, il conviendra alors de travailler avec une unité mobile
fonctionnant avec un compresseur. Eau chaude ou eau froide ? « Les matériels sont prévus pour fonctionner aussi bien à l’eau chaude qu’à l’eau froide. Les utilisateurs pensent généralement qu’il sera plus efficace de travailler avec de l’eau chaude, ce qui n’est pas forcément juste. De plus une eau trop chaude risque de rendre inopérants les agents actifs du produit. Dans tous les cas, il ne faudra pas dépasser 50°C et surtout se conformer aux recommandations du chimiste » poursuit le responsable de Seko Lefranc-Bosi. Les matériels offrent aujourd’hui de larges possibilités, les plus sophistiqués étant capable d’aspirer deux produits l’un après l’autre, de rajouter de la mousse ou pas avant de réaliser un rinçage à l’eau claire. « Quel que soit le cas de figure, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes le plus souvent dans un environnement HACCP, il faut donc que nous puissions diluer n’importe quel produit à n’importe quelle concentration en toute sécurité. Cela passe en particulier par la sécurité du réseau d’eau potable en amont. Il faut mettre des dispositifs en place pour éviter que le produit chimique ne soit refoulé dans le réseau, nous devons donc installer un disconnecteur physique entre le produit mélangé et le réseau en amont. Nous devons aussi être vigilants par rapport aux matériaux utilisés qui doivent être agréés pour le contact alimentaire, de même, il faut veiller à ce que le tambour des enrouleurs soit ouvert afin d’empêcher toute rétention d’eau », conclut le fabricant. |